Le diplôme ou l’excuse parfaite.

Diplôme, un atout ??

À 62 ans, il décroche son diplôme de Développeur Web et Web Mobile : la persévérance face à un système qui ne veut plus de ses seniors

Ludovic L., 62 ans, vient d’obtenir le Titre Professionnel de Développeur Web et Web Mobile (niveau Bac +2).

Une victoire personnelle, mais surtout un symbole dérangeant : celui d’un homme qui a tout fait “dans les règles” — et qui, malgré cela, reste sans emploi.

Car le vrai problème n’est pas le manque de diplôme.

Le vrai problème, c’est l’âgisme.

Quand le diplôme devient un prétexte

Fin 2023, Ludovic postule à un poste de technicien informatique dans la fonction publique.

Fort de plus de quarante ans d’expérience, il pense logiquement pouvoir convaincre.

Mais la réponse tombe :

«Je vous confirme la nécessité d’avoir le BAC pour pouvoir être recruté. »

Cette phrase, en apparence anodine, cache une réalité bien plus cynique :

le diplôme n’est ici qu’un alibi administratif.

Un moyen d’écarter un candidat jugé “trop âgé” sans jamais le dire ouvertement.

Car en France, on ne dit pas qu’on ne veut pas d’un senior — on invente des critères pour l’exclure poliment.

Le vrai visage de l’exclusion

Humilié par ce refus, Ludovic décide de relever le défi : il retourne en formation, réussit brillamment ses examens et obtient son diplôme.

Un an d’efforts, de rigueur et de courage.

Mais à la clé ?

Toujours aucun emploi.

Le message implicite est brutal :

« Ce n’est pas ton diplôme qu’on ne veut pas, c’est ton âge. »

Le système continue de se cacher derrière des prétextes — diplôme, adaptabilité, coût, culture numérique — pour éviter de nommer l’âgisme.

Pourtant, tout le prouve : même diplômés, même motivés, même compétents, les seniors restent sur le bord de la route.

Le paradoxe français : former sans jamais embaucher

La France adore parler de “formation tout au long de la vie”.

Mais dans la réalité, la formation des seniors n’est qu’un miroir aux alouettes.

Les entreprises investissent peu dans les plus de 50 ans, sous prétexte qu’ils “ne demandent plus de formation” — alors qu’en vérité, on ne la leur propose plus.

Et quand certains, comme Ludovic, s’en emparent malgré tout, le marché ne suit pas.

Car la question n’est pas celle de la compétence, mais de la représentation :

dans l’imaginaire collectif, un senior est perçu comme “moins agile”, “moins rentable”, “moins innovant”.

Des stéréotypes absurdes, mais tenaces.

L’âgisme, le dernier tabou du monde du travail

Aujourd’hui, les chiffres parlent d’eux-mêmes : le taux de chômage des plus de 55 ans reste élevé, malgré une expérience et une motivation souvent supérieures à la moyenne.

Ce n’est pas une fatalité économique, c’est une construction sociale.

Un choix collectif d’exclure ceux qui dérangent la logique de performance à court terme.

Le pire ? Cet âgisme est invisible, car il se dissimule derrière des justifications “objectives” :

Il n’a pas le bon diplôme.

Son profil ne correspond plus aux attentes.

Il risque de ne pas s’intégrer dans une équipe jeune.

Autant d’excuses pour masquer un rejet pur et simple.

Le combat de Ludovic : prouver, encore et toujours

En décrochant son diplôme à 62 ans, Ludovic Loudière n’a pas seulement validé ses compétences — il a démontré l’hypocrisie du système.

Il a prouvé qu’un senior pouvait apprendre, se reconvertir, se battre.

Mais il a aussi mis en lumière une réalité cruelle : même quand un senior fait tout ce qu’on lui demande, on ne le recrute pas.

« Ce n’est pas une revanche, c’est une preuve. Une preuve que le problème n’a jamais été le diplôme, mais la manière dont on regarde ceux qui ont de l’âge. »

En conclusion

Le cas de Ludovic Loudière révèle l’un des grands mensonges de notre société : 👉 le diplôme n’est pas la barrière, il est le prétexte.

Sous couvert de rationalité, c’est bien l’âgisme qui structure les exclusions du marché du travail.

Tant que les entreprises et les administrations ne reconnaîtront pas cette réalité, tant qu’elles continueront à dissimuler leur frilosité derrière des critères techniques, les seniors resteront les oubliés du plein emploi.

Il est temps de cesser de faire semblant. De cesser de leur demander de “se former encore”, quand le problème n’est pas leur compétence, mais notre refus collectif de leur faire une place.

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